Dresser l’inventaire des matières radioactives
Les matières radioactives sont très variées. Elles diffèrent par leurs propriétés physiques et chimiques, par l’intensité et la nature des rayons émis, par les risques encourus. Les volumineux rebuts des mines d’uranium dont s’échappe un peu de radon n’ont presque rien en commun avec les résidus vitrifiés de la Hague. Il faut adapter la gestion de chaque catégorie de déchets à leurs caractéristiques. Pour bien gérer, il faut bien connaître et dresser un inventaire complet des déchets.
Pour la gestion , cet inventaire repose sur deux critères de classement :
- L'activité qui détermine les moyens de protection à mettre en œuvre et qui peut être très faible (TFA), faible (FA), moyenne (MA), ou haute (HA) ;
- La durée de vie des principaux éléments radioactifs présents qui détermine la durée de la protection à envisager. Les radioéléments dont la période radioactive est inférieure à 31 ans sont dits à vie courte (VC). Tout est relatif ! Les autres sont dits à vie longue (VL).
Il existe également des déchets à vie très courte (VTC) dont une partie importante résulte des applications médicales de la radioactivité (diagnostics ou thérapie) et dont les éléments radioactifs ont une période inférieure à 100 jours. Ils disparaissent naturellement rapidement. Leur gestion se réduit à attendre le temps qu'il faut.
Premier critère : le niveau d’activité
Le niveau d’activité d’un déchet est défini par le nombre de désintégrations par seconde (becquerels) survenant dans un gramme de matière. L’activité et le risque radiologique varient dans de très grandes proportions Entre les ferrailles et gravats à peine radioactifs des déchets de très faible activité et les verres coulés à la Hague il y a un facteur 100 millions.
Les déchets présentant le moins de risques sont ceux de très faible activité (TFA) ou de faible activité à vie courte (FA-VC). De loin les plus volumineux, ce sont aussi ceux dont la gestion est opérationnelle. A l’opposé, on trouve les déchets de haute activité sortis des réacteurs qui concentrent sous un volume réduit presque toute la radioactivité. D’une manière générale, plus le volume d’une catégorie de déchets est considérable, plus l’activité et les risques sont faibles.
Les matières très radioactives issues du combustible usé des réacteurs sont à gérer en priorité. Les plus gros producteurs en sont naturellement les compagnies productrices d’électricité. Durant leur fonctionnement, les réacteurs libèrent dans l’environnement - grâce au luxe de précautions prises - une infime quantité de radioactivité. Il s’agit de faire aussi bien quand le combustible irradié est déchargé du cœur des centrales. La tâche s’avère relativement aisée à l’horizon de quelques dizaines d’années, mais il faut relever le défi à l’échelle des siècles.
Deux critères de classement des déchets
Les déchets radioactifs sont classés selon le niveau d’activité et la durée de vie – courte ou longue – des principaux éléments présents. On remarquera des regroupements. Par exemple, pour les déchets de très faible activité(TFA) et de haute activité (HA) on ne distingue pas vie courte et vie longue. Le mode de gestion est indiqué quand il est défini (déchets TFA et FMA-VC ). La gestion des 3 autres catégories fait l’objet de recherches, notamment celles des déchets de type B (MA-VL) et C (HA). Les recherches sur ces deux catégories majeures qui concentrent près de 99% de la radioactivité sont organisées en France dans le cadre de la loi Bataille du 30 décembre 1991.
Si cruciales soient-elles, les matières radioactives produites par les réacteurs ne sont pas les seules qu'il faut gérer. Un inventaire complet doit aussi inclure les autres déchets du cycle nucléaire, ceux – généralement gardés secrets – du nucléaire militaire, et ceux générés par l’industrie, les hôpitaux et les laboratoires. Il y a également les déchets anciens dont on ne s’est pas encore occupé et des déchets futurs dont on n’a pas encore eu à s’occuper comme ceux qui proviendront du démantèlement des centrales en activité.